Quarantaine, isolement et maladie

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Publié le 30-03-2020 - Mis à jour le 21-11-2024(Lectures : 1247)

Depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux travailleurs ont été contaminés par le virus du COVID-19 ou ont dû être placés en quarantaine suite notamment à un contact à risque ou à un retour de voyage. Il faut distinguer la situation d’un travailleur en quarantaine de celle d'un travailleur en incapacité de travail. Celles-ci n'ont pas les mêmes implications quant aux droits et aux devoirs des travailleurs et de l'employeur, aux procédures à suivre ainsi qu'en ce qui concerne la rémunération des travailleurs.

A partir du lundi 10 janvier 2022, les règles de quarantaine ont été allégées.

Que faire lorsque le travailleur doit être mis en quarantaine?

Qu'entend-on par quarantaine ? [MAJ 19-01-2022]

L’on parle de quarantaine lorsque le travailleur est apte à travailler, mais ne peut pas se rendre sur le lieu de travail pour l’une des raisons suivantes :

  • Il n’est pas complètement vacciné et a eu un contact à haut risque avec une personne testée positive au COVID-19 (contact pendant plus de 15 minutes, sans port du masque adéquat (couvrant le nez et la bouche) par une des deux personnes et à moins d'1m50) ;
  • Son état de santé fait craindre le risque de contaminer les autres travailleurs parce qu’il présente des symptômes pouvant faire craindre qu’il est contaminé, mais qu'il n'a pas encore été testé positif au COVID-19 (patient à risque) ;
  • Dans certains cas, s'il a séjourné à l’étranger pendant plus de 48 heures (voir ici pour les situations dans lesquelles il doit respecter une quarantaine après son retour en Belgique). L’employeur ne peut obliger le travailleur à préciser ce qu’il fait et où il va pendant son temps libre. L’obligation éventuelle de quarantaine ou de dépistage pèse donc sur le travailleur.
  • Si sa situation médicale comporte un risque (fragilité du système immunitaire).

Est considérée comme entièrement vaccinée : une personne ayant reçu son vaccin « booster », ou la dernière dose de sa vaccination de base depuis pas plus de 5 mois, ou qui dispose d’un certificat de rétablissement depuis pas plus de 5 mois. Les jeunes entre 12 et 17 ans qui ont reçu leur vaccination de base, quelle que soit la date de la vaccination, sont considérés comme entièrement vaccinés.

Cela signifie que:

  • Si une personne entièrement vaccinée a eu un contact à haut risque et qu'elle ne présente aucun symptôme de COVID-19, il n'y a pas d'obligation de quarantaine et aucun test PCR n'est requis ;
  • Si une personne partiellement vaccinée a eu un contact à haut risque, elle doit être mise en quarantaine pendant sept jours. Le quatrième jour après le contact à haut risque, la personne peut quitter la quarantaine, mais un autotest quotidien est obligatoire jusqu'au jour sept après le contact à haut risque jour. Le test PCR n'est plus obligatoire pour ces personnes non plus.
  • Si une personne non vaccinée a eu un contact à haut risque, elle doit passer dix jours en quarantaine. La quarantaine peut être levée à partir du septième jour, à condition qu'un autotest négatif puisse être présenté quotidiennement jusqu'au dixième jour inclus.

Après un contact à haut risque, il y a toujours obligation d'appliquer les mesures préventives (masque buccal (de préférence FFP2), distance sociale, pas de contact avec des personnes vulnérables, etc) jusqu’au jour 10 après le contact à haut risque, quel que soit le statut vaccinal.

Comment mettre en oeuvre la quarantaine ?

1) Notification de la quarantaine

Lorsque le travailleur se trouve dans l’une de ces situations, il lui appartient de prévenir le plus rapidement possible son employeur et de demander à être éloigné du lieu de travail. L’employeur pourra lui demander de confirmer cette information au moyen d’un certificat médical.

2) Remise d'un certificat médical [MAJ 19-01-2022]

Depuis le 6 mai 2020, outre le certificat médical d'incapacité de travail, un certificat médical spécifique à la quarantaine a été développé par l'Inami sur la base des travaux du Conseil National du Travail et la proposition faite à partir de ces travaux par le Groupe des 10. Ce certificat est établi conformément au modèle figurant à l'annexe de l’arrêté royal n°37 du 24 juin 2020 (publié le 3 juillet au Moniteur belge). L’employeur veillera à tenir ce certificat à la disposition des services de contrôle de l’ONEm.

Le certificat de quarantaine est envoyé à l’adresse mail communiquée par le travailleur et/ou sur son eBox accessible via myebox.be. S’il n’a pas reçu de certificat de quarantaine sur l’un de ces 2 canaux et s’il a reçu SMS avec un code quarantaine, le certificat de quarantaine peut être demandé en ligne (sur le site quarantaine.info-coronavirus.be) en précisant :

  • son numéro de registre national
  • le code à 16 chiffres reçu par sms (le code quarantaine)
  • son numéro de GSM
  • son adresse email
S’il lui est impossible de recevoir un SMS, son médecin généraliste peut également lui fournir un certificat de quarantaine.

L'employeur peut-il demander ou imposer au travailleur de consulter un médecin ?

L’employeur ne doit et ne peut pas obliger un travailleur à consulter un médecin pour faire constater s’il se trouve dans une des situations qui justifieraient la quarantaine. Il peut toutefois inviter le travailleur à contacter son médecin traitant.

Cependant, depuis le 21 janvier 2021, il est possible pour l'employeur de prendre contaxt avec le médecin du travail dès qu'il apprend qu’un travailleur pourrait être/est contaminé. En effet, de nouvelles tâches spécifiques sont attribuées au médecin du travail afin de lutter contre le COVID-19, à savoir :

  • Identifier les contacts à haut risque dans l’association ;
  • Délivrer des certificats de quarantaine pour ces contacts à haut risque ;
  • Envoyer certains travailleurs subir un test covid-19, suivant la stratégie de test prévue par les autorités compétentes. S’il l’estime plus opportun et à condition d’utiliser les équipements de protection individuelle et le matériel de test appropriés, le médecin du travail peut réaliser lui-même le test COVID-19 (ou le faire via un infirmier, sous sa responsabilité).

Lorsqu’un travailleur s’absente du bureau parce qu’il estime devoir être mis en quarantaine sans prévenir son employeur alors qu’il est en mesure de le faire, l’employeur pourra choisir de ne pas rémunérer les journées d’absence non justifiées.

Que se passe-t-il une fois la quarantaine mise en œuvre ?

Lorsque le travailleur a averti l’employeur qu’il se trouve dans une situation nécessitant de recourir à une quarantaine, le contrat de travail n’est pas suspendu pour cause d’incapacité de travail. Il faudra distinguer les situations où le télétravail est possible de celles où il ne l’est pas.

  • Lorsque le télétravail est possible : il est mis en place d’un commun accord entre le travailleur et l’employeur et le travailleur garde le droit à sa rémunération. (v. Télétravail)
  • Lorsque le télétravail n’est pas possible, l’exécution du contrat de travail est suspendue pour cause de force majeure. L’employeur devra renseigner le travailleur mis en quarantaine en chômage temporaire pour force majeure sur la base du certificat médical de quarantaine. L’absence de prestation implique une absence de rémunération, mais donnera lieu au versement d’allocations versées par l’ONEM pour chômage temporaire pour force majeure (v. Chômage temporaire). L’employeur pourra engager un travailleur en remplacement du travailleur dont le travail a été suspendu moyennant payement d’indemnités pour chômage temporaire sans risquer de sanctions. Pour éviter cette situation de mise en chômage temporaire pour force majeure, le travailleur peut choisir, moyennant l’accord de son employeur, de transformer ces jours en jours de congé et ainsi retrouver le droit à sa rémunération. Cela n’est cependant pas possible si les jours de congés sont fixés collectivement au sein de l’association.

Que faire si le travailleur est testé positif ?

Les personnes ayant une infection COVID-19 confirmée doivent être isolées. Cela s'applique à la fois aux personnes présentant des symptômes et aux personnes qui ont été identifiées comme infectées uniquement sur la base d'un test PCR ou d'un test antigénique positif.

L’isolement dure minimum 7 jours. Le travailleur peut quitter sa maison après 7 jours

  • s'il n'a plus de fièvre depuis au moins 3 jours.
  • s’il y a une amélioration clinique de ses plaintes

Pour les personnes testées positives mais asymptomatiques, un certificat de quarantaine est délivré pour 7 jours.

On applique dès lors les règles mises en oeuvre en cas de quarantaine (voir point ci-dessus). Si le télétravail est possible, il pourra être mis en place d’un commun accord entre le travailleur et l’employeur et le travailleur garde le droit à sa rémunération. (v. Télétravail). S'il n'est pas possible, l’exécution du contrat de travail est suspendue pour cause de force majeure. Le travailleur pourra être mis en quarantaine en chômage temporaire pour force majeure sur la base du certificat médical de quarantaine (v. Chômage temporaire).

Que faire si le travailleur tombe malade pendant la période de quarantaine ?

Jusqu’à présent le raisonnement était que peu importe que le travailleur ait continué à télétravailler ou que le contrat ait été suspendu moyennant le paiement d’indemnités de chômage temporaire par l’ONEM, l’employeur devait payer le salaire garanti lorsque le travailleur tombe malade pendant une période de quarantaine.

Suite à de nouveaux contacts de l’Unisoc avec le SPF Emploi, il faut dorénavant considérer que le travailleur qui se trouve en quarantaine et qui tombe malade alors que son contrat de travail est suspendu pour cause de chômage temporaire n’a plus droit aux allocations de chômage temporaire, mais il peut demander des indemnités d'incapacité. Ces indemnités seront versées par la mutualité les versera. Ce n’est que lorsque la période de chômage temporaire sera terminée et pour autant que le travailleur soit toujours malade, qu’il pourra réclamer le solde (le cas échéant) du salaire garanti qui lui est encore dû.

Le travailleur devra avertir l’employeur selon les modalités ordinaires définies au règlement de travail. L’employeur devra avertir l’ONEm de la prise de cours de la période d’incapacité de travail. Tout comme pour une incapacité ordinaire, le travailleur avertira sa mutuelle et l’employeur indiquera la période éventuellement couverte par le salaire garanti sur la feuille de renseignement de la mutuelle.

Pour plus d’informations à ce sujet, nous vous renvoyons vers l’article de l’Unisoc.

Qu’en est-il lorsque le travailleur est malade et reconnu en incapacité de travail ?

Lorsque le travailleur est empêché de travailler en raison d’une maladie, l’impossibilité de travailler est due à l’incapacité de travail du travailleur et ce sont les règles ordinaires en matière d’incapacité et de congé maladie qui s’appliquent. Dans ce cas, le travailleur en incapacité de travail aura droit au salaire garanti à charge de son employeur et la mutuelle interviendra par la suite si l’incapacité se prolonge.

Dans une telle hypothèse, le travailleur doit prévenir le plus rapidement possible son employeur. Si le travailleur ne prévient pas son employeur alors qu’il est en mesure de le faire, l’employeur pourrait considérer son absence comme injustifiée.

Mots-clés : Coronavirus